Accueil Culture « Ad Vitam » de Leila Toubel : Un cri pour sauver l’humanité de la déchéance

« Ad Vitam » de Leila Toubel : Un cri pour sauver l’humanité de la déchéance

Dans un monde plongé dans le chaos, les guerres et les conflits, la pièce « Ad Vitam » (Kima elyoum, titre en arabe), se présente comme une tentative audacieuse pour nous rappeler l’essence de l’humanité perdue. Lors de sa première représentation à la salle 4ème Art à Tunis samedi 18 janvier 2025, l’artiste Leïla Toubel a posé une question pressante : comment faire renaître notre humanité avant qu’elle ne soit entièrement submergée par des valeurs déformées et des « appétits » destructeurs ?

Fruit d’une coproduction entre le Théâtre National Tunisien (TNT) et la compagnie «Resist’Art», cette pièce est une œuvre onirique et engagée, à travers laquelle la militante et femme de théâtre Leila Toubel invite le spectateur à suivre l’histoire de Donia, une petite fille appelée par la voix de sa mère, la Terre, à rejoindre ses entrailles. Ce départ précipité bouleverse son entourage, désormais condamné à errer dans un labyrinthe, à la recherche d’une issue et de Donia elle-même. Une quête initiatique où se mêlent rêve, espoir et mélancolie.

Cette nouvelle création, signée au niveau de la scénographie et de la mise en scène par Leila Toubel, figure emblématique du théâtre tunisien, propose une vision immersive et poétique, portée par une musique originale signée Mehdi Trabelsi et la voix envoûtante d’Abir Derbel. Sur scène, les comédiens Maya Saidane, Assala Najjar, Dina Weslati, Faten Chroudi, Khadija Mahjoub et Oussama Chikhaoui donneront vie aux personnages.

Sur le plan visuel, la chorégraphie d’Ammar Ltifi, les costumes conçus par Marwa Mansouri et le travail de lumière de Sabri Atrous promettent une mise en scène visuellement captivante, accompagnée d’un mapping original créé par Mohamed Badr Ben Ali.

La vie, un labyrinthe à la recherche de sens: Dès les premières minutes, la pièce transporte dans une narration mythique, mais profondément ancrée dans la réalité. Dans un univers ravagé par des catastrophes et des conflits incessants, les personnages décident de sauver l’Humanité de la déchéance en déposant des échantillons de gamètes dans un refuge souterrain. Mais le désespoir atteint son apogée lorsque le véhicule transportant ces derniers espoirs se renverse avant d’atteindre son abri. Dans ce chaos, un seul embryon humain est sauvé…Donia, dont la naissance incarne l’essence même de la vie et de l’humanité en quête de rédemption. A travers des scènes où science et mythe s’entrelacent, l’histoire dépasse le réalisme pour plonger dans une allégorie poignante sur les contradictions humaines. Entre nostalgie et réalité, les personnages explorent les souffrances sociales, économiques et psychologiques…

Sur scène, le plateau se transforme en un labyrinthe reflétant l’errance humaine. Les rythmes rapides et les mouvements dynamiques traduisent l’urgence, tandis que les moments d’accalmie offrent aux personnages l’occasion de livrer leurs récits intérieurs. Les thématiques abordées – de la violence familiale à l’exclusion sociale, en passant par l’hypocrisie de l’humanité – résonnent comme un cri universel.

Une scénographie aux dimensions symboliques: la scénographie parvient à transmettre des significations profondes. Le mur au fond, percé de multiples trous, symbolise une mémoire collective fragmentée, cherchant désespérément à retrouver la lumière. Les mouvements des acteurs reflètent une lutte constante entre révélation individuelle et force collective.

Donia, bien qu’absente physiquement, prend vie à travers des murmures venant de la terre, rappelant que malgré les apparences, l’humanité reste enfermée dans son obscurité. Et au fil des événements, le retour symbolique de Donia offre une lueur d’espoir. Son apparition, entourée de papillons dansants, devient une métaphore, celle d’une renaissance possible. Mais ce retour ne promet pas l’immortalité humaine, plutôt une ultime opportunité de réinventer nos valeurs. « Ad Vitam » se présente un appel à la réflexion sur notre condition humaine.

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